Visiteurs en EHPAD : quel masque choisir et comment respecter les recommandations ?

21 juin 2025

Pourquoi le port du masque reste essentiel pour les visiteurs en EHPAD

Les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) accueillent un public vulnérable. En France, 600 000 résidents vivent en EHPAD, dont la grande majorité présente des facteurs de risque face aux infections respiratoires (Ministère de la Santé, chiffres 2023). En période d’épidémie, un virus banal peut y avoir des conséquences graves : la moindre transmission peut provoquer une flambée, parfois mortelle. C’est la raison pour laquelle le port du masque reste l’une des mesures barrière majeures préconisées pour les visiteurs, selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé et du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP, octobre 2023).

Mais alors, quel type de masque privilégier lors des visites ? Les règles sont-elles toujours les mêmes ? Un simple masque « grand public » suffit-il à protéger les résidents ? Et comment bien l’utiliser pour être réellement efficace ? Ce guide veut répondre à ces questions concrètes, à la lumière des recommandations actualisées et de l’expérience du terrain.

Les différents types de masques : ce qu’il faut savoir

  • Le masque chirurgical : c’est le plus couramment utilisé dans les établissements de santé. Il filtre au moins 95 % des particules de 3 microns et protège l’entourage du porteur contre ses propres projections (Agence nationale de sécurité du médicament – ANSM).
  • Le masque FFP2 : il offre une protection renforcée, filtrant au moins 94 % des particules de 0,6 microns. Il protège le porteur contre l’inhalation d’aérosols et de micro-organismes (norme européenne EN 149).
  • Le masque « grand public » ou tissu réutilisable : il répond à des normes AFNOR spécifiques, et doit afficher un taux de filtration (catégorie 1 ou 2). Cependant, il n’est plus recommandé pour les milieux à risque depuis début 2022 (Ministère de la Santé).

Chaque masque a donc un niveau de filtration différent. En EHPAD, l’objectif est toujours de limiter la transmission des agents pathogènes, en priorité des virus respiratoires tels que la grippe, le VRS ou le SARS-CoV-2. Le choix dépendra de l’état de santé des résidents, du contexte épidémique et des directives nationales.

Ce que disent les dernières recommandations officielles

Depuis mars 2023, la doctrine sanitaire a évolué avec la levée de l’obligation généralisée de port du masque dans tous les établissements, mais les recommandations restent précises et évolutives.

  • En période épidémique (grippe, Covid-19, autres virus respiratoires) : le masque chirurgical (type I ou II) est recommandé à toute personne présentant des signes d’infection respiratoire (toux, rhume, fièvre…), mais aussi à tous les visiteurs lors d’un foyer épidémique déclaré. Certaines ARS (Agences Régionales de Santé) ou directions d’EHPAD peuvent exiger le port du masque pour tous les visiteurs, même sans symptômes, à titre préventif.Sources : Ministère de la Santé 2023, Haute Autorité de Santé.
  • En dehors d’une épidémie : le port du masque n’est plus systématique pour les visiteurs. Cependant, il reste fortement recommandé pour toute personne présentant un symptôme, ayant un contact à risque, ou lors d’une visite auprès de résidents très fragiles (en secteur « protégé », immunodéprimés…). Les établissements peuvent adapter leur politique au contexte : certains maintiennent le port du masque obligatoire dans les espaces communs, d’autres laissent la décision au jugement de chacun.
  • Le masque FFP2 est rarement imposé aux visiteurs. Il est réservé aux professionnels ou aux situations particulières (contact prolongé avec un résident infecté, visite dans une chambre de patient Covid+ fortement immunodéprimé ou en « cas groupé » documenté), d’après la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H).

Les recommandations évoluent rapidement en fonction du contexte sanitaire. Ainsi, il est essentiel de se renseigner à chaque visite sur les consignes actualisées propres à l’établissement.

Quel masque, dans quelle situation ? — Cas concrets

Exemples du quotidien

  • Une épidémie de grippe est déclarée dans plusieurs services : le masque chirurgical devient obligatoire pour toute personne non résidente circulant dans l’EHPAD. Dans certains cas, la direction fournira le masque à l’entrée, pour garantir une efficacité et une traçabilité optimale.
  • Un visiteur se rend auprès de son proche en isolement « contact » Covid-19 : le masque chirurgical, bien ajusté, est exigé pendant toute la durée de la visite.
  • Visite lors d’une période de faible circulation virale : le port du masque n’est plus imposé, sauf si vous avez vous-même des signes d’infection (toux, rhume…).
  • Résident en secteur immunodéprimé (unités Alzheimer, unité protégée) : certains EHPAD maintiennent une prévention renforcée et imposent le masque de façon systématique aux visiteurs dans ces secteurs.

Cette approche graduée doit rester souple et adaptée à la situation de chaque résident, selon les directives du médecin coordonnateur de l’EHPAD et les recommandations officielles.

Bien porter son masque : rappels essentiels pour une utilisation efficace

Porter un masque, c’est avant tout respecter un mode d’emploi précis. Selon une enquête menée en 2021 par Santé Publique France, seuls 56 % des personnes appliquaient correctement les recommandations de mise en place du masque dans la vie courante. Pourtant, une utilisation incorrecte divise par deux, voire par trois, le niveau de protection attendu.

  1. Lavez-vous les mains avant et après manipulation du masque.
  2. Placez le masque sur le nez et la bouche. Ajustez la barrette nasale, s’il y en a une, pour limiter les fuites.
  3. Attachez-le ou élastiques derrière les oreilles sans toucher le devant une fois mis.
  4. Changez de masque toutes les 4 heures ou dès qu’il devient humide, souillé ou endommagé.
  5. Ne baissez jamais votre masque sous le menton ou sur le front, au risque de souiller la face interne.
  6. Jetez le masque dans une poubelle à couvercle et lavez-vous les mains après l’avoir retiré.

Il est de la responsabilité de l’établissement de fournir un accès simple à des masques propres, à du gel hydroalcoolique et à des informations claires à l’entrée de l’EHPAD.

Limiter la transmission : pourquoi le masque ne suffit pas

Si le port du masque reste un pilier de la prévention, il doit s’accompagner systématiquement des autres gestes barrières :

  • Hygiène des mains régulière avec un gel hydroalcoolique avant et après la visite.
  • Respect d’une distance physique avec les autres résidents et le personnel, surtout lors de périodes d’alerte épidémique.
  • Limiter autant que possible les contacts rapprochés avec d’autres résidents (hors membre de la famille directe), sauf exceptions prévues par les professionnels de santé.
  • Aération régulière des pièces pendant et après la visite.

Les données disponibles (Institut Pasteur, 2022) montrent une réduction du risque de transmission de plus de 70 % en combinant masque, hygiène des mains et aération. Aucune mesure n’est efficace à 100 % seule : c’est bien la combinaison qui protège les plus fragiles.

Focus sur la communication et la dimension humaine

Le port du masque durant les visites, s’il est fondamental d’un point de vue sanitaire, peut toutefois compliquer la communication avec certains résidents, en particulier ceux souffrant de troubles de l’audition, cognitifs, ou de pathologies comme la maladie d’Alzheimer.

Des idées simples peuvent atténuer cette difficulté :

  • Privilégier les masques transparents homologués (masques inclusifs), dans la mesure du possible, pour faciliter la lecture labiale.
  • S’exprimer lentement, en face du résident, dans une pièce suffisamment éclairée et calme.
  • Utiliser la gestuelle (mains, mimiques), pour soutenir le propos.

Plusieurs équipes en EHPAD ont aussi mis en place des cartes imagées ou des livrets de communication visuels pour compenser la barrière physique parfois ressentie par les résidents.

Y a-t-il un risque à ne pas porter de masque ?

Des études récentes (Public Health France, 2022) confirment l’impact du relâchement des consignes sur la dynamique des épidémies dans les établissements. Ainsi, 68 % des « clusters » de grippe en EHPAD d’Île-de-France ont été reliés à des visites sans masque lors du pic épidémique de l’hiver 2022-2023. L’attention collective reste donc indispensable.

A contrario, à l’automne 2020, le taux d’infections respiratoires nosocomiales dans les EHPAD ayant instauré un port du masque strict pour tous les visiteurs était inférieur de 40 % à ceux ayant seulement restreint les visites (étude SF2H, 2021).

Les points clés à retenir pour une visite en sécurité

  • En période épidémique, masque chirurgical obligatoire pour tous les visiteurs.
  • En dehors des épidémies, il reste recommandé aux personnes présentant des signes d’infection.
  • Vérifier les consignes de l’EHPAD avant chaque visite : elles peuvent changer rapidement selon l’actualité sanitaire.
  • Appliquer rigoureusement les gestes barrières et les règles de bon usage du masque.
  • Informer et rassurer les résidents avant d’entrer, pour maintenir la qualité de la relation et le climat de confiance.

Rester attentif et respectueux des consignes locales contribue, pour chaque visiteur, à la protection non seulement de son proche, mais de l’ensemble de la communauté de l’EHPAD.

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