Surblouse jetable ou réutilisable : quelle option privilégier au quotidien ?

4 juillet 2025

Comprendre le rôle essentiel de la surblouse dans la protection

La surblouse, élément incontournable des équipements de protection individuelle (EPI), protège non seulement les soignants mais aussi les personnes accompagnées contre la transmission d’agents infectieux. En collectivité, notamment en EHPAD et en établissement médico-social, la question de son choix — jetable ou réutilisable — revient régulièrement, surtout depuis la pandémie de COVID-19 qui a mis en lumière son importance et ses limites (source : Santé Publique France).

Le choix ne se limite pas à une préférence matérielle : il reflète des enjeux de sécurité, d’organisation, de coût et d’impact environnemental. Analyser objectivement les avantages et les contraintes de chaque type permet de répondre aux exigences réglementaires sans perdre de vue le pragmatisme du terrain.

Les surblouses jetables : caractéristiques et indications principales

Les surblouses jetables sont fabriquées à partir de matériaux synthétiques légers (polypropylène, polyéthylène). Elles sont prévues pour un usage unique, à éliminer après chaque utilisation.

  • Propriétés imperméables : Souvent enduites pour garantir une barrière efficace contre les liquides et micro-organismes.
  • Simplicité logistique : Peu de manipulation, pas de traitement particulier après usage.
  • Conformes aux normes : Elles répondent à la norme EN 14126 (protection contre les agents infectieux) — point clé en cas d’épidémie ou de procédures à risques.

Leur efficacité en période de crise sanitaire s’est confirmée, notamment au pic de la Covid-19, mais leur surutilisation a généré d’autres problématiques : rupture d’approvisionnement, gestion de déchets, saturation des circuits logistiques.

Points forts

  • Protection immédiate et contrôlée contre la contamination croisée
  • Adaptation rapide à un usage urgent ou ponctuel
  • Suppression des coûts de traitement (pas de blanchisserie)

Limites rencontrées

  • Coût à l’usage élevé sur des longues durées
  • Production massive de déchets : une seule structure peut générer jusqu’à 10 kg de déchets EPI par jour en période de tension épidémique (Le Monde, avril 2020)
  • Dépendance à l’approvisionnement, mettant en danger la continuité d’activité en cas de pénurie

Les surblouses réutilisables : typologies et modalités d’utilisation

Les surblouses textiles réutilisables, en coton ou polyester, sont conçues pour des cycles multiples de lavage et de désinfection. Elles étaient largement répandues avant l’essor du jetable et retrouvent une place croissante pour des raisons écologiques et économiques.

  • Durabilité : Certaines surblouses tiennent jusqu’à 50 ou 100 cycles de lavage (source : INRS – ED 989).
  • Compatibilité : Les tissus utilisés doivent résister à des lavages à haute température (minimum 60 °C, idéalement 90 °C en cas de risque infectieux).

Leur usage impose cependant une organisation rigoureuse : collecte des surblouses souillées, gestion du linge sale, respect strict des procédures de lavage, vérification systématique de l’intégrité (absence de micro-trous, usure des coutures, etc.).

Atouts principaux

  • Coût à long terme modéré : rapporté à l’usage, le coût peut être diminué de 2 à 4 fois par rapport au jetable
  • Réduction significative des déchets
  • Moins de dépendance à l’offre du marché, plus de résilience en cas de crise d’approvisionnement

Contraintes spécifiques

  • Organisation logistique et matérielle indispensable (blanchisserie, traçabilité des lavages et contrôles qualité)
  • Risque d’usure prématurée ou de pertes au fil des lavages
  • Demande une formation accrue des équipes pour détecter tout défaut d’intégrité

Critères de choix : comment trancher ?

Le choix entre surblouse jetable et réutilisable doit reposer sur plusieurs critères d’environnement, d’usage, de coût et de contexte épidémiologique. Aucun n’est universel, et l’adaptation « sur mesure » reste souvent la règle.

1. Degré de risque infectieux

  • Situation épidémique avérée, soins à risques (aérosols, liquides biologiques) : le jetable reste une option privilégiée pour garantir une barrière sans compromis.
  • Soins courants, environnement maîtrisé, absence d’épidémie : la surblouse réutilisable offre une sécurité suffisante, si les protocoles de lavage sont respectés (Haute Autorité de Santé).

2. Capacité organisationnelle en interne

  • Présence ou accès à une blanchisserie interne/externe : condition indispensable au réutilisable
  • Traçabilité : fiches d’entretien, contrôle régulier de l’état des surblouses
  • Capacité de stockage : le réutilisable nécessite un volume suffisant pour assurer la rotation entre lavé, sale, et en cours d’utilisation

3. Coût global : immédiat et différé

  • Jetable : coût unitaire faible mais récurrence forte => pour 50 utilisateurs (rotation journalière x 2), la dépense peut dépasser 1500 € par mois
  • Réutilisable : coût d’achat supérieur à l’unité (4 à 10 € l’unité) mais profitable dès le deuxième mois si la rotation et la durabilité sont assurées (Ministère de la Santé)
  • Ne pas oublier d’intégrer les frais de blanchisserie et d’usure dans les calculs

4. Impact environnemental

  • Un hôpital de taille moyenne a généré durant la crise COVID entre 4 à 6 tonnes de déchets EPI par mois (source : Actu Environnement)
  • Réutilisable : 70 % à 80 % de déchets en moins sur un an, à volume de soins équivalent (analyse UFC Que Choisir)
  • Attention : la consommation d’eau, d’électricité et de lessive doit également être prise en compte lors des lavages hautes températures

5. Confort et adhésion des équipes

  • Le confort thermique et la mobilité dépendent largement du type de surblouse : le jetable, léger, est parfois désagréable sur la durée (effet occlusif, frottements) alors que le réutilisable, mieux ajusté, peut faciliter la gestuelle mais générer de la chaleur lors de longues gardes.
  • L’acceptabilité par les équipes dépend souvent de l’information préalable et du ressenti en situation réelle : il est recommandé de recueillir l’avis des utilisateurs lors d’une phase test.

Mises en situation pratiques : illustrations quotidiennes

Un EHPAD de 80 résidents, en période de circulation intensive de gastro-entérites, a jonglé entre jetable pour les chambres de résidents avec diarrhées aiguës (fort risque de projection et de souillure) et surblouses réutilisables pour les espaces communs ou la distribution de soins généraux. Cette organisation permet d’optimiser le stock et la sécurité tout en réduisant les déchets (témoignage recueilli auprès d’une cadre hygiéniste, réseau FHP, janvier 2023).

À l’inverse, dans une MAS (maison d’accueil spécialisée) disposant d’une blanchisserie bien équipée, la solution réutilisable a été choisie quasi exclusivement, le jetable n’étant réservé qu’à certaines situations : suspicion de tuberculose ou soins hautement invasifs.

  • Le passage du jetable au réutilisable a permis une économie annuelle estimée à 3200 €, tout en diminuant de près de 70 % la quantité de déchets.
  • Les soignants interrogés rapportent toutefois la nécessité d’une vigilance accrue sur le respect des procédures de lavage et de tri.

Regard sur les recommandations et perspectives

Les autorités sanitaires (Ministère de la Santé, INRS, HAS) ne recommandent pas l’une ou l’autre option de façon stricte, mais insistent sur l’adéquation entre le matériel et le contexte de soin. La traçabilité et la formation des utilisateurs restent fondamentales.

Certaines innovations commencent à voir le jour, avec des surblouses réutilisables labellisées écolabel, conçues pour limiter les besoins en eau et supporter plus de 100 lavages sans perte d’efficacité (source : Textile Addiplast).

Anticiper les besoins, diversifier les stocks, former régulièrement les agents, et adapter le choix selon les situations épidémiologiques est généralement la stratégie gagnante. De nombreux établissements tendent désormais vers un modèle mixte : l’association raisonnée des deux solutions selon les indications.

Aperçu synthétique : l’essentiel à retenir

  • Jetable : incontournable lors de pics infectieux et pour les gestes à risque, mais coûteux et polluant à grande échelle.
  • Réutilisable : solution économique et écologique pour le quotidien, sous réserve d’une organisation solide et d’un contrôle rigoureux de l’état des équipements.
  • Aucune solution n’est idéale tout-terrain : la clé réside dans l’adaptabilité, la concertation avec les équipes et la veille sur l’évolution des recommandations sanitaires.

En restant attentif aux ressources du terrain et aux évolutions techniques, il est possible d’allier sécurité, responsabilité et qualité de vie au travail pour tous les acteurs de l’accompagnement en milieu médico-social.

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