Quand porter une surblouse : les situations qui exigent une protection renforcée

8 juillet 2025

Pourquoi la surblouse ? Un rappel de son rôle essentiel

Au cœur des gestes barrières en établissement médico-social, la surblouse reste l’un des équipements de protection individuelle (EPI) les plus efficaces pour éviter la transmission croisée. Elle protège les soignants, les résidents et limite la dissémination de pathogènes, via la peau ou les vêtements souillés (Source : Société française d’Hygiène Hospitalière, SF2H).

La surblouse est conçue pour couvrir le torse, les bras et souvent le haut des jambes. Elle constitue une barrière entre les vêtements du porteur et l’environnement potentiellement contaminé. Dans les structures d’accueil de personnes âgées ou vulnérables, la surblouse n’est pas « une option » lors de certains actes : elle est une protection essentielle et parfois, obligatoire.

Quand la surblouse est-elle obligatoire ? Les grandes situations

La législation, les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et des sociétés savantes comme la SF2H, posent plusieurs situations où la surblouse doit impérativement être portée. Trois grands cadres se dégagent :

  • Lors de soins à risque d’exposition aux liquides biologiques (sang, urines, selles, vomissements, sécrétions, etc.)
  • Lors de la gestion d’épisodes infectieux transmissibles, notamment en cas de suspicion ou confirmation d’infections épidémiques (grippe, gastro-entérite, Covid-19, gale, etc.)
  • Dans certaines procédures médicales invasives ou de soins de nursing lourd

Selon l’environnement et la nature des soins, la surblouse s’impose comme une exigence et non comme une simple précaution.

Les soins à risque : quand la surblouse est-elle imposée par la situation ?

Dans la vie quotidienne d’un EHPAD ou d’une unité protégée, de nombreux actes exposent potentiellement à des liquides biologiques.

  • Toilette complète, en particulier en cas de souillures fécales ou urinaires 
  • Changement de protections chez des résidents porteurs de diarrhée infectieuse (Clostridioides difficile, norovirus...)
  • Réfection de pansements sur plaies exsudatives, ou pansements chirurgicaux en post-opératoire
  • Prise en charge de vomissements ou de situations d’incontinence aigüe
  • Soins buccaux invasifs ou soins d’aspiration oro-trachéale chez les personnes dépendantes

La SF2H (fiche technique surblouse 2011) précise qu’en cas de risque de projection, « la surblouse (avec manches longues et poignet) doit être systématiquement portée en complément des gants et d’une protection faciale adaptée ».

Ce point est bien souvent sous-estimé au quotidien, notamment lors des « petits » gestes répétés où l’on considère que le risque est minime par habitude. Pourtant, des études ont montré que la contamination des vêtements se produit dans plus de 45 % des soins dits « à risque modéré » (source : J. Reiss et al, Infect Control Hosp Epidemiol, 2018). Porter une surblouse dans ces situations protège à la fois le soignant et les résidents suivants.

Gestion d’épisodes infectieux : la surblouse devient un bouclier

Lors d’épidémies virales : grippe, Covid-19, gastro-entérites

La gestion d’un cluster de grippe saisonnière ou de diarrhée virale en établissement oblige à appliquer des précautions complémentaires, dites « contact ». Selon le HCSP, la surblouse est obligatoire dès que le soignant doit entrer dans la chambre et réaliser un soin direct, et ce pour toute la durée de la période contagieuse.

  • Covid-19 : Porter la surblouse lors de toute présence en chambre d’un résident positif ou suspect, pour le soin et la toilette, mais aussi lors du service des repas si contact étroit avec le résident.
  • Gripppes et gastro-entérites : Porter la surblouse lors d’un contact direct, même sans exposition visible aux liquides biologiques, car la contamination peut passer par des particules fines ou des textiles contaminés.
  • Cas groupés (cluster) : La surblouse doit être portée systématiquement dans toute l’unité ou sur tout le secteur touché, le temps de l’épidémie.

Ces recommandations sont actualisées régulièrement (HCSP, mise à jour 2022). Elles rappellent que la surblouse protège aussi bien le soignant que les autres résidents, en évitant la portation de pathogènes via les vêtements.

Maladies hautement contagieuses : la surblouse, composante des précautions renforcées

Certaines infections nécessitent des gestes supplémentaires : cas de gale, suspicion de tuberculose résistante, coqueluche… Dans ces contextes, la surblouse à usage unique et à manches longues, associée à d’autres équipements (masque FFP2, gants, parfois surchaussures), est imposée par les protocoles (cf. HCSP et INRS).

Pour la gale, par exemple, la surblouse s’impose pendant tous les soins jusqu’à ce que le résident soit considéré comme non-contagieux, c’est-à-dire minimum 8 jours après début du traitement, selon les recommandations du Centre national de référence des maladies transmissibles.

Procédures spécifiques : soins invasifs et nursing complexe

En dehors du contexte infectieux aigu, certaines pratiques imposent la surblouse de façon systématique, par souci de sécurité :

  1. Pose et ablation de cathéters ou de voies veineuses centrales
  2. Changement de sondes urinaires, surtout si le geste est « à risque » d’éclaboussure
  3. Aide à la toilette auprès de patients fortement dépendants, présentant des escarres multiples ou des pansements souillés
  4. Réalisation de soins dentaires ou bucco-dentaires où les projections sont inévitables

Ici, l’objectif est double : se protéger des micro-organismes (bactéries, champignons, etc.), mais aussi des produits chimiques utilisés (désinfectants, solutions hydroalcooliques concentrées, etc.).

Le cas des EHPAD : spécificités, obligations et réalités de terrain

En EHPAD, la surblouse est souvent vécue comme une contrainte : chaleur, difficulté de mouvement, gestion fastidieuse des stocks… Pourtant, son usage n’est pas négociable dans certaines situations. L’Agence nationale de santé publique rappelle que les EHPAD concentrent 80 % des signalements de clusters d’infections dans le secteur médico-social (Source : Santé publique France, 2023).

  • Surblouse obligatoire lors de déclarations de cas d’infection aiguë : la procédure d’isolement, l’accompagnement en chambre, et toute intervention directe au lit du résident exige la mise en surblouse.
  • Personnel et visiteurs : Les professionnels mais aussi les intervenants extérieurs – kinésithérapeutes, ergothérapeutes ou proches en visite lors d’épidémies – doivent respecter ces consignes.

Certaines régions (Île-de-France, PACA) ont déjà déployé des contrôles sur le respect du port de la surblouse lors des épisodes de Covid-19, avec à la clé des recommandations renforcées distribuées in situ (ARS).

À ne pas oublier : comment garantir l’efficacité de la surblouse ?

Le port de la surblouse n’a de sens qu’accompagné d’un usage correct :

  • Mettre la surblouse juste avant d’entrer en chambre ou au début du soin à risque, et la retirer immédiatement après, avant de toucher quoi que ce soit d’autre
  • Jeter sans délai la surblouse à usage unique, ou l’envoyer au lavage à haute température si réutilisable
  • Ne jamais porter la surblouse dans les couloirs ou dans les espaces partagés en dehors des soins

En 2022, une enquête réalisée dans 22 EHPAD par l’Observatoire national du risque infectieux a montré que 21 % des soignants gardaient leur surblouse au-delà du soin, faute de temps ou par oubli, favorisant au contraire la transmission croisée. Sensibiliser sur la durée limitée du port est essentiel.

Il est aussi capital de rappeler que la surblouse ne remplace jamais le lavage des mains : les deux sont indissociables d’une chaine de prévention réussie.

Entre réglementation et pragmatisme : trouver le bon équilibre

Si la réglementation encadre des situations précises, le jugement professionnel reste indispensable. Par exemple, un résident atteint de démence sévère peut se montrer imprévisible : il pourra arracher sa protection, se contaminer, ou projeter des sécrétions. Dans ces situations, mieux vaut anticiper et porter une surblouse même si le protocole ne l’impose pas a priori.

Enfin, il convient de tenir compte de la disponibilité des équipements : en période de pénurie (pandémie, crise aiguë), la hiérarchisation des situations à risque fort doit prévaloir, en priorisant la protection lors des gestes les plus exposés (références : SF2H, HCSP, ARS régionales).

À retenir pour renforcer la sécurité au quotidien

L’obligation du port de la surblouse répond à une logique simple : éviter que le vecteur de transmission ne soit le soignant lui-même ou que la chaîne de soin ne devienne la chaîne de contamination. Pour chaque situation à risque, il existe une procédure adaptée et des mesures à respecter sans compromis. Loin d’être un simple accessoire, la surblouse fait partie intégrante de la culture de prévention, pour préserver la santé des équipes comme des personnes accompagnées.

Continuer à s’informer, à adapter les pratiques et à se questionner sur le « bon moment » pour porter la surblouse, c’est renforcer chaque jour la sécurité collective. Les recommandations évoluent, mais le principe, lui, reste toujours d’actualité : mieux vaut un EPI porté une fois « en trop » qu’une infection transmise par mégarde.

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