L’usage des gants en EHPAD : bonne protection ou fausse sécurité ?
Les situations où les gants sont nécessaires
Les gants protègent des contacts avec le sang, les liquides biologiques, les muqueuses et les lésions cutanées. Selon les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (actualisation 2023), ils doivent être portés :
- Pour tout soin exposant au sang (pansements, prélèvements, soins de stomie...)
- Lors de la manipulation de linge/surface souillés par des liquides biologiques
- Pour la toilette intime ou lors de l’aide à la miction/défécation
- En cas de contact avec une plaie ou une peau lésée
Mais : mettre des gants pour effectuer la toilette du visage, changer un drap propre, ou servir un repas, n’apporte aucune protection supplémentaire et n’est pas recommandé. Les gants n’ont aucun intérêt en prévention des risques purement “environnementaux” (chambre propre, soin sans contact avec des liquides biologiques).
Les risques d’un usage excessif : impact réel sur le terrain
- Risque d’infections croisées : L’usage non justifié (ex : port de gants pour plusieurs gestes chez un même résident, ou passage de chambre en chambre sans changer de gants) augmente la transmission indirecte des bactéries (source : Société française d’hygiène hospitalière).
- Diminution du lavage des mains : Porter des gants peut donner un faux sentiment de sécurité et faire “sauter” l’étape essentielle de friction hydroalcoolique ou de lavage des mains, alors que la contamination gants→mains lors du retrait est fréquente.
- Irritations cutanées et allergies : L’exposition prolongée peut engendrer dermites (entre 25 et 35 % du personnel soignant concerné selon Inserm), voire allergies au latex ou aux additifs (thiurames, carbamates).
- Augmentation du volume de déchets : En EHPAD de 80 lits, la sur-utilisation génère annuellement plus de 200 000 paires de gants, coûtant entre 1000 et 2000 euros par an pour chaque établissement (source : AP-HP, 2022).